Numéro 2024_36

Ne critiquez pas votre médecin s’il vous dit « je ne sais pas »

Souvent, on va voir son médecin pour qu’il fasse un diagnostic et nous soigne en conséquence. Face à cette exigence, le médecin le plus honnête ne peut qu'annoncer 2 nouvelles, 1 bonne et 1 mauvaise :

- La mauvaise d’abord : il n’y a qu’une façon de faire un diagnostic avec certitude, l’autopsie.
La plupart des lésions débutantes ne provoquent que des manifestations peu probantes, des gênes difficiles à étiqueter et des symptômes non spécifiques. De plus, un certain nombre de maladies sont trop mal connues pour être expliquées. En pratique, pour déterminer les lésions en cause, il faut aller examiner de visu les organes malades. Pour ce faire, c’est l’autopsie qui est la plus performante.

- La bonne ensuite : le plus souvent il n’est pas nécessaire de savoir ce que l’on a pour être soigné efficacement. Mieux vaut commencer par identifier ce qui, dans le comportement, le mode de vie ou les conditions de travail, a précédé l’apparition des problèmes de santé. Parfois aussi, ce sont les interventions médicales ou la prise de médicament qui peuvent être en cause. Dans tous ces cas, la suppression de la cause suffit souvent à faire disparaître le trouble de santé.

En pratique, quand un médecin vous dit « je ne sais pas ce que vous avez », il fait preuve d'honnêteté et reste parfaitement capable de vous soigner efficacement.

Sources : Open Rome et Robert N. Braun. Pratique, critique et enseignement de la médecine générale. Payot. Paris

Cause

Avant de pouvoir dire que A est la cause de B, il faut vérifier que B est fréquent quand A est fréquent, et rare quand A est rare. Si A et B ne coïncident pas, il est peu probable que A soit la cause de B.
Quand A et B coïncident, on dit qu’il existe un « lien statistique ». Ce n’est pas suffisant pour affirmer que A cause B mais c’est une condition nécessaire.

Il peut s’agir d’une simple coïncidence : par exemple, la chute des feuilles des arbres survient chaque année après la rentrée scolaire. Cette coïncidence ne permet pas d’attribuer à l’Education nationale la responsabilité de cette défoliation généralisée.

Pour affirmer que A est la cause de B, il faut vérifier que :
- A précède B (logique ! la cause survient avant les effets qu’elle provoque).
- Il y a une explication plausible sur le mécanisme de cause à effet (c’est parfois difficile faute de connaissances scientifiques suffisantes).
- Plus la dose de A est importante, plus la conséquence B est importante (ça n’est pas toujours le cas).
- Exposer à A déclenche B alors qu’empêcher l’exposition à A raréfie B (« essai clinique »).

Source : Open Rome

Aimez-vous ce numéro ?

Pas encore de vote pour ce numéro